Brune On Brune
Hier, les nuages bas filaient à toute allure sur fond de ciel très
bleu, semblant couler sur les toits des immeubles les plus hauts. ça m'a rappelé le fog qui descend des collines de San Francisco... un poil
moins de gris dans la lumière et l'illusion aurait été presque
parfaite. Presque, parce que rien n'est plus typiquement parisien qu'un
immeuble haussmannien et j'en ai croisé beaucoup. Je me suis promenée comme ça le nez au vent pendant une petite heure, un hémisphère du
cerveau dans les souvenirs encore frais, l'autre dans le présent et la
réalité. C'est assez rigolo
cette impression, j'aime bien sentir que le temps est vraiment courbe. C'est avec cette impression d'être partout et ailleurs à la fois que j'ai ouvert la porte de mon immeuble et que j'ai comme à l'accoutumée, regardé droit devant pendant que je cherche mes clefs dans le fond de ma poche pour prendre le courrier. A ce moment-là je me suis figée, j'ai suspendu le geste qui menait ma clef vers la serrure de la boîte aux lettres, j'ai cligné des yeux frénétiquement pour finir par les écarquiller à m'en faire péter les vaisseaux, mon maxilaire inférieur s'est d'un coup détaché de la boîte crânienne. Je devais ressembler à un renard pris dans la lumière des phares d'une bagnole pendant qu'il fait du stop... Non, je ne rêvais pas, il y avait Bob Dylan dans ma cour.
J'ai secoué la tête, fermement décidée à rentrer au plus vite pour prendre un bon thé et faire une petite sieste, ça s'imposait. Pour ce faire, je me suis engagée dans les escaliers. J'étais arrivée sur mon palier quand soudain des notes à la guitare ont titillé mes pauvres neurones déjà bien ebranlés... oh non, c'est pas possible... Django Reinhardt habite au sixième !
Dites, quelqu'un sait comment on sort de la quatrième dimension?!